Médiation Isabelle Jordan Médiation Isabelle Jordan

Médiation : comment sortir d’un conflit familial lorsque l’on possède ensemble une entreprise fondée par un membre de la famille ?

Votre père (votre mère), votre grand-père (grand-mère), ou même votre arrière-grand-père (mère) ont créé une entreprise dont vous êtes aujourd’hui co-actionnaire. Et vous n’êtes pas toujours d’accord entre vous sur la façon de gérer cette entreprise, ou même, sur le futur de votre participation à cette aventure, qui n’est pas tout à fait la vôtre.

Votre père (votre mère), votre grand-père (grand-mère), ou même votre arrière-grand-père (mère) ont créé une entreprise dont vous êtes aujourd’hui co-actionnaire. Et vous n’êtes pas toujours d’accord entre vous sur la façon de gérer cette entreprise, ou même, sur le futur de votre participation à cette aventure, qui n’est pas tout à fait la vôtre.

Discuter, négocier, fait partie du processus normal de gestion. En revanche, résister, bloquer une décision stratégique, une transmission ou une cession de l’entreprise, commence à ressembler à une situation conflictuelle (un conflit familial et un conflit au sein de l’entreprise). Comment débloquer un conflit quand vos co-actionnaires sont vos frères et sœurs, vos propres enfants, vos parents ou vos cousins? L’intervention d’un médiateur est-elle une bonne solution ?

1.   Analyser le « Système » de votre famille est indispensable

 

Chaque famille est unique. On ne peut pas construire le futur sans avoir compris le passé (et le présent).

 Quelles sont les croyances de votre famille, ses valeurs ?

Quels sont ses « mythes », ses récits, son histoire ? Est-ce que tout le monde y adhère ?

Quel âge ont les personnages ? Éventuellement, si c’est pertinent, quelles sont les appartenances religieuses ? Y a-t-il des mélanges de culture, de pays ?

Quelles sont les blessures que porte votre famille, peut-être aussi ses drames ? Ses trauma ? Car malheureusement, cela concerne beaucoup de monde.

 Grande question préalable : est-ce que dans votre famille, on peut parler de sa propre mort ? Ou est-ce tabou ? (La psychanalyse a établi que la mort est irreprésentable pour nos inconscients. Je ne parle donc pas « d’imaginer » notre mort, mais de pouvoir parler de ses effets et de ses conséquences matérielles pour ceux qui nous survivent).

Dans une famille, parfois, rien n’est linéaire, causal ou prévisible. Il faut absolument comprendre dans quel système on est, dans quel système on vit.

 J’ai rencontré par exemple, un Monsieur de 77 ans qui organisait sa succession sur le principe de  « je donne à chacun en fonction de ses besoins ». Ce monsieur avait quatre enfants avec sa femme et chacun (des parents) avait un enfant d’un premier mariage, qui avaient tous les deux le même âge, 54 ans.

La situation était explosive : il ne s’agissait pas de droit, il s’agissait de valeurs, de croyances, et de tout le système qui s’était construit dans cette famille « recomposée » (« décomposée » ?). Car bien sûr, l’idéal des quatre enfants suivait le principe de « l’égalité » parfaite entre eux six. Ils voulaient quelque chose « d’équitable ». Leur père ne voyait pas le problème. Alors que précisément, tous ces enfants étaient depuis leur naissance, de par la recomposition familiale, dans une problématique de « reconnaissance » et d’appartenance à cette « nouvelle » famille. Les aînés portaient leur différence (ils étaient des « demi ») et les quatre enfants « légitimes » luttaient pour être reconnus comme tels. Le choix de leur père était interprété comme une échelle de préférence. Leur colère était à la hauteur de leur déception.

Une Analyse du système familial, et donc dans le cas d’une entreprise familiale, du système des actionnaires, doit être préalable à toute décision, doit accompagner les réflexions et la mise en place de l’organisation patrimoniale de la famille.

2.  Comment prévenir un conflit ?

Quand on gère une entreprise familiale, on peut prendre quelques précautions.

J’aime bien repartir des grands principes et des besoins fondamentaux des enfants, (soulignés par les psychologues pour enfants - repris par Jacques Salomé) : 

- le  besoin de « dire ».

- le besoin d’être entendu.

- le besoin d’être reconnu (c’est la raison pour laquelle la notion de « représentant » est une fausse bonne idée. Cela neutralise le pouvoir de nuisance, mais cela peut créer de grandes frustrations. Je suis convaincue qu’il faut garder des liens individuels avec chacun. Cela fait partie du processus de reconnaissance).

- le besoin d’être valorisé.

- le besoin d’influencer (l’entreprise) (le besoin d’agir)

 

Si on est d’accord pour dire que chaque famille est un système (chaque couple est un système si les fondateurs sont un couple associé, chaque association est un système), il est indispensable de vérifier que le système permet à chacun de dire, d’être entendu, d’être reconnu, d’être valorisé et d’agir dans le système.

 Éclairer le système agissant fait partie de la préparation d’un mouvement sur la patrimoine de la famille: on fait de la prévention, on facilite et on pérennise.

 On évite les erreurs d’interprétation. Grande causalité du conflit.

 On donne à chacun la possibilité de co-construire les pistes de solution, de se sentir agissant ( le contraire=se sentir impuissant, subir, être mis devant le fait accompli).

 Ex : un père de famille propriétaire d’un groupe d’Hôtels est en train de monter « un Pinel ». Il est marié et a deux filles d’une vingtaine d’années. Ses filles lui ont clairement dit qu’elles ne voulaient pas reprendre l’entreprise. A quoi sert son « Pinel » ?(On connait la réponse du point de vue fiscal ! Mais il s’agit bien d’interroger le projet en amont de la construction du projet strictement fiscal).

 

Donc dès que l’on parle de transmission, de donation, de succession, dès que l’on touche à la répartition du patrimoine (et des revenus), il est utile de faire un point avec un médiateur. C’est de la prévention, ou de la préparation (on peut y ajouter un projet de Contrat de Mariage, même si l’on s’éloigne un peu de notre sujet).

Le médiateur est le seul conseil qui ne donne pas de conseil. Il permet d’éclairer le système de la famille. Il facilite. Il pérennise. Il prévient et dénoue les conflits.

 

 

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Pourquoi certaines familles se déchirent lors d’une succession ? 

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

Dans notre vie, nous sommes en relation : avec nous-mêmes, avec les autres et avec « le monde ». Nos proches, notre famille, sont à l’intersection de plusieurs « sphères ». Un frère, une sœur, c’est une part de nous, ou en tous cas, la frontière est fine. Nous nous ressemblons physiquement, nous avons parfois la même voix, les mêmes expressions, souvent les mêmes valeurs (pas toujours). Nous avons souvent vécu les mêmes expériences, enfants, même si là aussi, nous pouvons en avoir des souvenirs totalement divergents (c’est nous qui construisons notre réalité, nous passons notre temps à interpréter ce que nous appelons la réalité). Nous avons surtout (souvent) les mêmes parents, les mêmes grands-parents, la même famille proche. La même Histoire. 

Dans une famille, chacun tient son rôle, parfois défini de façon fixe

Hors une famille, c’est un milieu en équilibre. Chacun a son rôle, parfois défini de façon fixe. L’un va être celui qui protège les autres, qui les prend en charge. L’autre va être celui qui commande, qui exige, et qui parfois, sanctionne. Un autre va systématiquement prendre le rôle du messager : parler pour les autres. Ou les faire rire, en adoptant systématiquement la posture du Clown de la famille. Autrement dit, une famille est un groupe « ordonné », car chacun d’entre nous a trouvé le meilleur moyen de s’adapter pour vivre, ou survivre, dans cette « maison ». 

Notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité

Lorsque nous grandissons, vieillissons, nous avons l’impressions de changer et de prendre de l’autonomie. Mais il suffit souvent d’un bon repas de famille pour que tout se remette en place. Pensez à vos déjeuners du dimanche et aux fameuses fêtes de Noël (ou d’autres fêtes, pour ceux qui ne fêtent pas Noël). L’ « autorégulation » se réinstalle immédiatement. Car notre famille est un système et ce système lutte pour sa stabilité.

 

Lorsque nos parents disparaissent et que nous nous retrouvons en situation de transmettre et de recevoir les biens et les objets des générations qui nous ont précédés, nous expérimentons une « explosion » de ce système. Le décès de nos parents modifie tout l’équilibre. Les rôles de chacun sont remis en question : vous êtes adulte et vous en avez assez que personne ne vous laisse jamais parler. Ou vous êtes adulte et vous en avez assez de toujours prendre en charge les corvées. Ou vous êtes adulte et vous ne tolérez pas que vos frères et sœurs ne fassent pas ce que vous leur demandez. Alors que jusqu’ici, cela s’était toujours passé comme cela, et très bien passé comme cela.

Le décès de nos parents ouvre un moment de rééquilibrage qui passe par des changements des rôles de chacun

Le décès de nos parents ouvre un moment de déséquilibre, de rééquilibrage qui passent par des changements des rôles de chacun, des comparaisons, des redéfinitions de nos identités. Parfois il y a des résistances vis-à-vis des ces changements: on “règle” des comptes. Les biens matériels sont utilisés pour manifester ces résistances. On entend souvent lors des conflits entre frères et sœurs et des successions : « Je ne l’aurais jamais cru capable de faire cela ». 

La Médiation familiale peut être d’une grande aide

Pour sortir de ces conflits, la Médiation familiale peut être d’une très grande aide car avant de traiter des sujets matériels, le Médiateur peut vous aider à redessiner l’identité de chacun. Comme il est et non pas tel que l’on voudrait qu’il soit ou tel qu’on l’imagine sous le prisme d’une sur-adaptation au système construit par nos parents et nos fratries. Cela peut être très rapide. Car dès qu’un membre du système bouge, tout le monde bouge. Et cela peut être un vrai soulagement pour tout le monde. Chacun est enfin reconnu pour ce qu’il est.

 

Plutôt que de se battre pendant des années entre un notaire qui n’est pas habilité à trouver des solutions dans un tel conflit (un notaire est là pour « acter » une succession, il n’est pas un négociateur) et un système judiciaire très long et assez coûteux, le recours à un médiateur familial peut permettre à chacun d’exprimer ses besoins et d’être écouté grâce à l’intervention d’un tiers (un tiers neutre, impartial, bienveillant et qui respecte une totale confidentialité). Les non-dits vont pouvoir être formulés. Les frustrations et les erreurs d’interprétation vont pouvoir être partagées. Le sentiment d’injustice pourra diminuer. Souvent, cela suffit pour dénouer des situations qui résultent tout simplement d’un désir de vérité, de sincérité et d’un désir de “re-connaissance”.

 

Cela nécessite d’être encore en lien pour pouvoir s’asseoir autour d’une table chez le médiateur familial (le médiateur peut envoyer un courrier pour inviter d’autres membres de la fratrie à participer quand il est sollicité par un membre de cette fratrie). Et d’être en capacité de bouger, d’accepter les changements inhérents au fait que votre famille ne sera plus jamais la même.

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