Couples: Qu’est-ce que l’amour ? Cela veut dire quoi « aimer » ?
Cette question peut paraître idiote. Mais on me la pose souvent. Je ne suis pas philosophe, mais la fréquence de cette question montre à quel point nous sommes un peu perdus. Nous cherchons l’amour, mais si nous ne savons pas ce que nous cherchons, nous ne risquons pas de le trouver.
Cette question peut paraître idiote. Mais on me la pose souvent. Je ne suis pas philosophe, mais la fréquence de cette question montre à quel point nous sommes un peu perdus. Nous cherchons l’amour? Si nous ne savons pas ce que nous cherchons, nous ne risquons pas de le trouver. Dans le champs moral ou spirituel des siècles qui nous précèdent, la réponse nous était donnée. Mais aujourd’hui, qu’est-ce que l’amour ? Que signifient nos « je t’aime » ?
On peut commencer par décrire ce que l’amour nous donne (ou ne nous donne pas)
L’amour nous transforme. Mais comment ? On peut dire que l’amour nous rend beaux, solides, confiants, libres, paisibles. Que nous nous sentons plus vivants. Et surtout, que nous sommes plein de joie. Par élimination, si nous nous sentons malheureux, tristes, humiliés, inquiets, limités ou pire, enfermés, on est loin de l’amour. L’amour n’est pas l’attachement, la possession, le contrôle, l’objectivation (l’autre devient un objet que je pose sur mes étagères, ou plutôt, dans Mon lit).
Ça se précise…L’amour serait : une bienveillance douce, une compréhension proche de la compassion, un mouvement joyeux qui inclut le désir, et une forme de communion intime.
La bienveillance douce, dans un monde qui ne l’est pas toujours, nous voyons bien ce que c’est. Cette bienveillance nous donne du bonheur, nous met le sourire aux lèvres. C’est une joie de retrouver l’autre.
La compassion est cette capacité à écouter et à comprendre l’autre. Être écouté nous guérit. Être compris nous transforme. Comprendre l’autre lui apporte un soutien inestimable. Y compris et surtout quand nous le blessons et que nous traversons ensemble un conflit. C’est le moment où nous pratiquons activement et patiemment notre écoute, quand nous aimons.
La joie est l’antidote de toutes nos émotions « négatives ». La joie nous anime et nous redonne du mouvement. La joie est une force de création infinie. Elle est parfois difficile à trouver. L’amour, c’est toujours joyeux. Oubliez les histoires tragiques de l’opéra, du théâtre et de la littérature. Qui voudrait mourir pour Roméo ou pour Juliette aujourd’hui?
L’intimité et la « communion » avec l’autre, ce qui est probablement le plus difficile, c’est cette impression que nous sommes différents tout en étant reliés. Que tout ce qui arrive à l’autre nous concerne et que nous pouvons agir avec l’autre. Nous l’expérimentons relativement facilement quand surviennent des évènements graves (maladies, deuils). Mais le vivre sur des gestes insignifiants est une façon rare d’aimer l’autre.
La « communion intime » c’est aussi cette acceptation inconditionnelle qui nous permet de nous montrer à l’autre dans toute notre sincérité. Avec nos imperfections, nos défauts et nos erreurs, sans être jamais jugés ou rejetés.
L’amour, c’est notre maison
L’amour c’est aussi, souvent, ce qui vient donner un sens à notre vie. C’est une forme de réponse. Pas seulement parce que cela nourrit nos désirs. Mais parce que nous n’avons plus peur. La confiance, en latin, c’est “remettre quelque chose de précieux à quelqu’un” (confidere). L’amour serait alors le moment où nous pouvons confier tout ce que nous avons de plus précieux.
L’amour? L’amitié? Et s’il nous fallait les deux pour vivre ensemble?
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami”. Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Le sage indien Swamidji Prajnanpad dit qu’il suffit de cinq critères pour être heureux en couple. Le premier critère, c’est de “considérer l’autre comme son meilleur ami” (ou sa meilleure amie, bien sûr). Formulé comme cela, cela paraît assez simple.
Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”
Nous avons tous un ou une “meilleure amie”. Nous le (la) visualisons très bien. Cette amitié a toujours été présente dans notre vie. Même si cela n’a pas toujours été la même personne. Aucun d’entre nous ne peut vivre sans “meilleur ami”. C’est en notre meilleur(e) ami(e) que nous plaçons notre confiance. Nous pouvons tout lui dire, sans être jugé(e). Nous vivons ses joies et ses chagrins comme si c’était les nôtres. Nous aimons la même musique, nous avons souvent les mêmes loisirs, nous avons partagé plein d’expériences ensemble. C’est auprès de notre meilleur(e) ami(e) que nous nous réfugions si nous avons besoin de soutien et de réconfort. De conseils, souvent.
Swamidji Prajnanpad souligne l’écart minuscule qu’il y a entre l’amour et l’amitié. C’est une indication précieuse pour nous lorsque nous perdons “le contact” avec notre conjoint. Revenir à l’amitié, c’est un peu plus facile. Dans un article précédent, je vous ai parlé de Gary Chapman et des 5 langages de l’amour (https://www.mediations-paris.fr/blog/les-5-langages-de-lamour-de-gary-chapman ). Les conseils de Gary Chapman rejoignent cette thématique de l’amitié. Même si nous avons de multiples attentes, ou croyances, sur l’amour et plus particulièrement sur notre conjoint, revenir à la notion toute simple de l’amitié est un premier mouvement concret et extrêmement réparateur.
Lettre d’Albert Camus à son ami René Char
Et si vous avez besoin d’explications, je vous propose cette lettre extraordinaire d’Albert Camus à son ami René Char (poète). Chaque mot est une leçon d’amitié:
17 septembre 1957
Cher René,
Je suis en Normandie avec mes enfants, près de Paris en somme, et encore plus près de vous par le cœur. Le temps ne sépare, il n’est lâche que pour les séparés — Sinon, il est fleuve, qui porte, du même mouvement. Nous nous ressemblons beaucoup et je sais qu’il arrive qu’on ait envie de « disparaître », de n’être rien en somme. Mais vous disparaîtriez pendant dix ans que vous retrouveriez en moi la même amitié, aussi jeune qu’il y a des années quand je vous ai découvert en même temps que votre œuvre. Et je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il en est de même pour vous, à mon égard. Quoi qu’il en soit, je voudrais que vous vous sentiez toujours libre et d’une liberté confiante, avec moi.
Plus je vieillis et plus je trouve qu’on ne peut vivre qu’avec les êtres qui vous libèrent, qui vous aiment d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver. La vie d’aujourd’hui est trop dure, trop amère, trop anémiante, pour qu’on subisse encore de nouvelles servitudes, venues de qui on aime. À la fin, on mourrait de chagrin, littéralement. Et il faut que nous vivions, que nous trouvions les mots, l’élan, la réflexion qui fondent une joie, la joie. Mais c’est ainsi que je suis votre ami, j’aime votre bonheur, votre liberté, votre aventure en un mot, et je voudrais être pour vous le compagnon dont on est sûr, toujours.
Je rentre dans une semaine. Je n’ai rien fait pendant cet été, sur lequel je comptais, beaucoup, pourtant. Et cette stérilité, cette insensibilité subite et durable m’affectent beaucoup. Si vous êtes libre à la fin de la semaine prochaine (jeudi ou vendredi, le temps de me retourner) déjeunons ou dînons. Un mot dans ma boîte et ce sera convenu. Je me réjouis du fond du cœur, de vous revoir.
Votre ami
Albert Camus
Alors même si aujourd’hui nous nous écrivons plus de SMS que de lettres, vous savez ce qu’il vous reste à faire…..
Qu’est-ce que l’amour véritable?
Qu’est-ce que l’amour véritable?
Vaste question. Mais vous l’êtes-vous déjà posée? Pensez-vous que la réponse est facile?
Est-ce de l’amour ou de la dépendance? Est-ce que votre estime de vous dépend entièrement de l’attitude ou de la présence de votre partenaire? Si c’est le cas, cela peut être très angoissant pour l’autre. Cela peut déclencher des désirs de fuite chez lui. Ou une grande peur de s’engager.
Est-ce de l’amour ou de l’attachement? L’attachement se définirait comme “avoir besoin de l’autre”, “avoir peur qu’il s’éloigne”, “avoir besoin qu’il valide mes choix, qu’il me dise que ce que je dis ou ce que je fais est bien”.
Est-ce de l’amour ou de la stratégie? Est-ce que vous avez des “arrières pensées”, des objectifs à atteindre ensemble, un désir d’obtenir quelque chose de l’autre, des buts qui vous empêchent d’être dans la relation, d’être vous-mêmes.
Est-ce de l’amour ou de la peur? Parfois, un grand dévouement peut correspondre à un besoin permanent de se sentir utile, ou pire, à la peur de décevoir, ou pire encore , à la peur d’être sanctionné si l’on ne fait pas les choses bien. Ou à l’inverse, de l’admiration?
Avez-vous envie de changer la personne que vous aimez?
Avez-vous envie de contrôler la personne que vous aimez?
En théorie, aimer l’autre c’est vouloir qu’il soit bien. Mais chacun a sa définition. L’important est de s’y arrêter et d’être un tout petit peu conscient de ce qui se joue. Et idéalement, de pouvoir en parler ensemble. Le fameux “Je t’aime” ne dit pas toujours la même chose….